Le tabagisme, bien que largement reconnu comme la cause de nombreuses maladies respiratoires, pourrait avoir des conséquences encore plus graves que ce que l’on pensait jusqu’à présent. Selon une étude récente de l’Université de Californie à San Francisco, des millions de fumeurs pourraient souffrir de symptômes pulmonaires que les diagnostics existants ne parviennent pas à détecter. Cela pourrait inclure des symptômes qui ne correspondent pas aux critères de maladies connues liées au tabac, comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).
1. Des symptômes qui échappent au diagnostic de la BPCO
L’étude, parue le 1er août 2023 dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), révèle qu’une grande partie des participants fumeurs, sans être atteints de BPCO, souffrent de symptômes respiratoires persistants et non obstructifs. Les symptômes signalés comprennent un essoufflement, une toux quotidienne, des mucosités et une diminution de la capacité à maintenir un effort physique.
La BPCO est responsable de la sixième cause de décès aux États-Unis et de la troisième cause de décès dans le monde. Bien qu’il soit connu que le tabagisme provoque la BPCO dans 85% des cas, cette étude souligne que des millions de fumeurs non atteints de cette maladie peuvent néanmoins souffrir de symptômes pulmonaires et respiratoires.
Le test de la spirométrie
Le test de la spirométrie est un moyen courant de diagnostiquer la BPCO. Il mesure la vitesse à laquelle une personne peut remplir puis vider ses poumons lors d’un effort maximal. Les résultats de cette étude montrent que certains participants se sont révélés atteints de BPCO après avoir subi une spirométrie, tandis que d’autres avaient une « spirométrie préservée« , ce qui signifie qu’ils n’étaient pas atteints de BPCO.
Cela soulève des questions quant à la possibilité que le diagnostic actuel de la BPCO puisse passer à côté de certains problèmes respiratoires sérieux causés par le tabagisme.
2. Élargir la définition des maladies pulmonaires
Les participants de l’étude, âgés de 40 à 80 ans, comprenaient des fumeurs ayant été exposés au tabac pendant plus de 20 ans et des participants témoins non-fumeurs. Au fil des ans, de nombreux tests ont été effectués, notamment une tomodensitométrie de leurs poumons et un test de distance de marche de six minutes.
À la fin de l’expérience, la plupart des participants fumeurs qui présentaient des symptômes pulmonaires sans être atteints de BPCO continuaient de présenter ces symptômes pendant plus de cinq ans de suivi.
Le chercheur principal de l’étude, Prescott Woodruff, MD, MPH, chef de la division de pneumologie de l’UCSF, résume : « Ces résultats suggèrent qu’une grande partie des personnes exposées à la fumée de tabac, sans obstruction des voies respiratoires, souffrent d’une maladie chronique des voies respiratoires persistante, symptomatique et non obstructive, distincte de la BPCO. »
Conclusion : Appel à une nouvelle approche
Face à ces constatations alarmantes, les chercheurs appellent à une évaluation plus large des maladies pulmonaires liées au tabac. Ils soulignent que la définition des maladies pulmonaires liées au tabagisme doit être élargie afin que de nouveaux traitements puissent être mis au point.
L’impact du tabac sur la santé pulmonaire est une question complexe et multifactorielle. Cette nouvelle étude ajoute une couche supplémentaire de complexité et d’urgence à la compréhension et au traitement des effets du tabagisme sur la santé respiratoire. L’urgence d’une nouvelle approche dans le diagnostic et la prise en charge des maladies respiratoires liées au tabagisme n’a jamais été aussi grande. Le temps est venu de réexaminer la manière dont la société perçoit et traite ces maladies potentiellement dévastatrices, et cette étude pourrait bien être le catalyseur nécessaire pour déclencher ce changement.